L'EDITO DE GROGRAIN

le blé tendre ou froment (Triticum æstivum), de loin le plus important, est davantage - mais pas exclusivement - cultivé sous moyennes latitudes (par exemple en Chine, en Inde, aux États-Unis, en Russie, en France, au Canada, en Allemagne). Il est cultivé pour faire la farine panifiable utilisée pour le pain. Ses grains se séparent de leurs enveloppes au battage. Communément dénommée blé tendre ou tout simplement blé, cette espèce a connu une très grande dispersion géographique et est devenue la céréale la plus cultivée, suivie par le riz et le maïs. Il en existe d’innombrables variétés de par le monde. La sélection moderne, commencée à la fin du xixe siècle par Henry de Vilmorin, s’est concentrée sur trois critères : la résistance aux maladies et aux aléas climatiques, la richesse en protéines, notamment le gluten pour la panification, et bien entendu le rendement. Cette sélection a eu comme contrecoup la quasi-disparition des blés barbus : le gène étant récessif, les nouveaux blés issus de croisements entre blés barbus et blés nus perdent rapidement ce caractère.

Plus de 780 variétés sont inscrites au Catalogue officiel des espèces et variétés créées par 20 entreprises de sélection et près de 2 400 sont inscrites au Catalogue européen.

Source wikipédia

L'amélioration mondiale des techniques culturales et la sélection génétique (création de la variété Norin 10 par exemple) ont conduit à un accroissement considérable des rendements moyens, passant de moins de 10 q/ha en 1900 - soit 1 tonne par hectare - à 29 q/ha en 2010. On pense désormais que la progression des rendements peut se poursuivre assez longtemps encore.

Le développement de l'irrigation, la réduction des pertes, l'amélioration des infrastructures (routes, capacités de stockage) constituent des moyens qui peuvent encore être mis en œuvre dans de nombreuses régions pour augmenter la production.

L'Amérique du Sud connaît des rendements stables avec 20 q/ha, l'Afrique et le Proche-Orient 10 q/ha (avec une grande variabilité selon les années au Maghreb), l'Égypte et l'Arabie saoudite ont atteint, en culture irriguée, 35 à 40 q/ha.

En Europe, des rendements très élevés sont obtenus en culture intensive. Le rendement moyen est passé de 30 à 60 quintaux par hectare durant les 30 dernières années, soit une progression moyenne de 1 quintal/ha/an. En France, les rendements sont passés de 14 à 70 quintaux par hectare entre 1945 et 1995. La production s'élève ponctuellement à 100 quintaux par hectare en moyenne régionale certaines années exceptionnelles.

Source wikipédia

La production française de blé tendre atteint 36 millions de tonnes, soit 26 % de la production de l'Union européenne (138 Mt).

En France, en 2012, un hectare de blé intensif produit environ 7 tonnes (par an), qui rapportent environ 1 750 € (prix de début de campagne 250 €/tonne). Durant la période 2006-2012, les prix du blé (rendu Rouen) ont varié entre 100 et 280 euros la tonne

Source wikipédia

L'édito de Grochrôm

Le blé civilisateur : où ? quand ? comment ?

C'est donc par le blé qu'a commencé la "culture", le mot étant pris dans toutes ses acceptations : agricole et sociale. C'est par cette céréale que l'homme qui avait été nomade, cueilleur et chasseur pendant des centaines de millénaires, s'est fixé et a créé un mode de vie complètement nouveau. Tournant décisif de la civilisation, pour la première fois, l'espèce humaine a agit sur la nature et l'environnement de façon à améliorer sa subsistance et en régulariser la production à son profit.
Evènement considérable dont nous sommes toujours tributaires. A ce moment nous sommes passés du paléolithique (paléo = ancien) à une ère nouvelle : le néolithique (néo = nouveau). Cette transition a demandé des innovations à la fois de techniques, de modes de pensée et de concepts sociaux. Des symboles différents de ceux utilisés jusque là sont apparus. L'ensemble de ces transformations pratiques et mentales ont été telles qu'on qualifie ce passage de "révolution néolithique". Le blé sauvage et la saga du "croissant fertile".
Cette étape majeure est connue par plusieurs faisceaux de données et de documents. L'archéologie, en premier lieu, par le décapage et l'analyse fine des restes fossiles des premiers villages a permis de connaître les phases de transformation des sociétés agraires et de dater les étapes avec précision, en particulier grâce aux méthodes utilisant le carbone 14. La botanique et la génétique permettent, d'autre part, l'examen des nombreux changements qui mènent du blé sauvage au froment produisant la farine panifiable actuelle. Enfin, des cultures expérimentales de blé sauvage ont indiqué comment, à quelle vitesse et avec quel rendement ont pu se faire les récoltes préhistoriques avec les moyens de défrichement et les outils existant alors. L'ensemble des données disponibles indique que ce moment essentiel est intervenu au Moyen-Orient. La zone nucléaire constitue ce qu'on appelle le "Noyau Levantin" : les principales découvertes décisives ont été faites dans la région qui va de la vallée du Jourdain à l'Euphrate et qui forme un large arc de cercle ou "Croissant Fertile". On y trouve des steppes herbacées où poussent encore des blés sauvages ainsi que les traces des transformations de la plante et des premières sociétés pré-agraires puis agraires. A partir de cette zone initiale, les innovations de nos lointains ancêtres ont diffusé vers l'Occident. Les espèces archaïques de blé qu'on trouve encore dans ces régions, dispersées parmi d'autres plantes herbacées, sont bien différentes du froment cultivé actuellement. La première différence porte sur le mode de dispersion des graines. Les blés sauvages se reproduisent spontanément alors que le blé domestique ne peut le faire sans l'aide de l'homme. La raison se situe au niveau du rachis (ou axe) de l'épi. Initialement, dans des formes spontanées, il était fragile et se fragmentait en dispersant les semences. Les longues barbes qui les entouraient se déformaient en fonction de l'humidité du sol et finissaient par enterrer spontanément les grains, qui ensuite pouvaient germer dans le sol. Si l'avantage de cette fragmentation du rachis est évidente pour l'ensemencement naturel, cela constitue un gros inconvénient en pratique agricole : les épis mûrs se dispersent et sont impossibles à moissonner. Les grains furent donc vraisemblablement cueillis grain par grain ; les épis les plus solides ont du être favorisés par ce mode de récolte et peu à peu naturellement sélectionnés. On obtint progressivement des variétés à "rachis solide" résistant mieux au moissonnage.

Autre difficulté pour la collecte des espèces primitives : elles avaient des grains "vêtus" c'est-à-dire avec des enveloppes membraneuses qui ne peuvent être détachées par vannage et battage, de plus ces grains étaient petits, pauvres en réserves et surtout dépourvus de gluten : la farine n'était donc pas panifiable.
Il faudra donc une longue sélection du patrimoine génétique pour obtenir des blés moissonnables,  d'une part, et producteurs d'une farine capable de donner du pain grâce, d'autre part, à l'évolution remarquable du blé depuis les plantes sauvages. Elle demande un minimum d'explication scientifique car elle sous-tend son importance pratique et symbolique. La plupart des êtres vivants ont une reproduction croisée. Pour les animaux, elle est obligatoire puisque les sexes sont séparés et qu'elle implique la rencontre d'individus mâles et femelles. Elle a pour conséquence un brassage génétique, chaque individu recevant un équipement héréditaire maternel et un équipement paternel. Pour les végétaux, les deux sexes sont en général réunis dans la même fleur : le système est hermaphrodite. Il peut y avoir autofécondation mais le plus souvent un certain nombre de filtrages évite la fécondation d'un individu par son propre pollen. Celui-ci est transporté - par le vent, les insectes, les oiseaux - sur la fleur d'un autre individu. Il y a donc également comme chez les animaux fécondation croisée et brassage génétique, c'est-à-dire renouvellement à chaque génération avec apport maternel et paternel. Le blé est différent et assez exceptionnel dans le monde végétal : la fécondation a lieu dans la fleur avant même qu'elle ne s'ouvre et ne s'épanouisse de sorte qu'il y a effectivement une autofécondation à l'intérieur même du bouton floral.

Les éventuels changements génétiques qui se produisent spontanément (mutations) au lieu de survenir de façon aléatoire, sont maintenus dans le patrimoine des descendants. Les potentialités de sélection par l'homme ont été facilitées par ce mode de transmission stable de génération en génération.
Ajoutons une remarque sur les propriétés génétiques du blé car elles sont une des raisons de l'étonnante progression de ses performances agroalimentaires jusqu'à nos jours. Le stock des entités qui portent le patrimoine héréditaire, les chromosomes, s'est multiplié chez les blés cultivés et s'est hybridé avec celui d'autres graminées. Les blés sauvages sont diploïdes et ont, comme la plupart des espèces, un stock chromosomique double (ici 2 fois 7 chromosomes), la moitié d'origine paternelle, l'autre moitié d'origine maternelle. Au cours de l'évolution ce stock chromosomique s'est multiplié par deux produisant des blés tétraploïdes comme l'amidonnier ou le blé dur et même par trois (blés hexaploïdes à 42 chromosomes) dans le cas du froment ou blé tendre. En même temps une partie du patrimoine d'au moins deux autres espèces de graminées sauvages encore mal identifiées s'est métissée de façon fortuite avec celle des blés. Il a été maintenu grâce à l'autofécondation et cette addition a donné des aptitudes nouvelles. C'est ainsi qu'a été acquise par le froment la capacité de synthèse des éléments du gluten qui rend la farine panifiable.
Au total, on constate ici une étonnante association des potentialités d'une plante et des gestes de l'homme. Retenons surtout que, dès le départ, doué de propriétés culturales et nutritives remarquables, le genre blé s'est constamment diversifié et amélioré. Ainsi, il est, en particulier, devenu moissonnable et panifiable, ce qu'il n'était pas au départ. Ses rendements ont constamment augmenté ; le nombre des variétés cultivées ou cultivables n'a cessé de s'accroître (plusieurs milliers) permettant une adaptation à des situations de milieu très diverses et une résistance aux parasites. C'est une plante domestique véritablement unique.

Cueillette et pré-culture:

Au plan historique, il y eut ainsi une "période de pré-culture" où les blés sauvages étaient utilisés et involontairement sélectionnés avant que l'idée de les mettre en culture fut imaginée. Des aléas de la présence spontanée, nos lointains ancêtres passèrent à une maîtrise inédite de la production avec la période culture proprement dite. Une réserve de produit renouvelable pouvait désormais être constituée sur initiative humaine.
Il a fallu bien des innovations techniques et des transformations mentales pour mettre en culture le blé et le domestiquer. Il a été nécessaire de dégager et préparer une surface de sol, penser à enfouir, recouvrir et protéger les grains et les germinations contre les éléments, la concurrence des autres espèces envahissantes qu'on appelle "mauvaises herbes" ou plantes "messicoles" (c'est-à-dire qui aiment les moissons), récolter les grains nouveaux, inventer des silos pour les conserver, prévoir un calendrier de succession de travaux ("Les Travaux et les Jours ..." Hésiode). Autant de gestes qui paraissent naturels et quasi spontanés mais qui ont du être peu à peu mis au point et planifiés. Il a fallu prévoir aussi de nouveaux défrichements et comprendre que le sol s'épuise, penser aussi à garder des semences pour les prochaines plantations. Les essais expérimentaux indiquent que, au début, près de la moitié ou du tiers des récoltes devait être mis de côté pour les futures semailles. Tout un savoir a dû se constituer, socialement transmissible, pour réaliser une stratégie de subsistance.
Il y a eu ainsi une période où l'homme préhistorique fut simplement "cueilleur de céréales" avant d'être un vrai cultivateur. En adoptant ces plantes comme ressource alimentaire principale, il a commencé par préparer leur mise en culture. Toutes les données indiquent que cette étape préagricole s'est produite dans le Croissant Fertile il y a 12000 ans. Puis s'est développée la phase agraire. Passant de la vie itinérante, nomade, à une vie fixée stable, l'homme a créé un mode communautaire permettant d'articuler la coexistence des groupes et des individus travaillant dans les villages. Il s'agit bien d'une "révolution" dans les techniques, les rythmes quotidiens et saisonniers, les modes de pensée, les motivations, d'une façon générale dans les structures mentales.
Cela fut donc conçu d'abord pour le blé - engrain, amidonnier - et aussi pour l'orge puis d'autres espèces furent maîtrisées : des légumineuses comme le pois ou les fèves, également le lin pour l'huile de ses graines et les fibres textiles de ses tiges dont on trouve des traces dans les restes fossiles des anciens villages agraires.
Cette période décisive a été étudiée en détail par les archéologues, particulièrement dans la région de Jéricho, proche du Jourdain et dans des villages du Moyen Euphrate. Des mortiers et des pilons ont été mis à jour indiquant que, déjà, on broyait les grains pour en extraire une mouture farineuse. Mais, fait notable, on ne trouve pas encore de poterie, période dite "précéramique". En l'absence de récipients aptes à l'hydratation et à la cuisson, les grains étaient consommés crus ou grillés. A l'état natif les grains et les molécules d'amidon sont très compacts et peu accessibles et attaquables par nos enzymes digestives. Leur valeur nutritive est faible. On trouve pourtant de nombreuses traces d'abrasion sur les dents de ces hommes préhistoriques : ce sont les stries d'usure qu'ont laissé les micro-concrétions de silice des enveloppes de ces grains, telles les signatures de consommation de céréales crues. Il est fait mention, dans le Nouveau Testament, de cette pratique longtemps maintenue, ainsi "Jésus vint à passer à travers un champ de blé. Ses disciples eurent faim et se mirent à arracher les épis et à les manger" (Evangile selon Saint Matthieu).

Du cru au cuit:

La pratique du grillage ou de la torréfaction semble avoir été largement pratiquée et ce très tôt. Elle est réalisable sur des pierres chaudes et présente de nombreux avantages. Elle améliore la conservation des grains en augmentant la déshydratation et elle favorise le décorticage des ces espèces "vêtues", c'est-à-dire gardant après récolte leurs enveloppes membraneuses. Elle permet de sauver les grains gâtés ou moisis car cueillis avant maturation complète et encore humides. Enfin, elle donne une saveur plus agréable aux grains car elle produit, par caramélisation, un goût sucré plus doux.
L'innovation importante qui suivit fut la cuisson proprement dite. Elle fut rendue possible avec l'invention de la poterie qui se situe vers 8000 à 7000 ans av. J.C . Elle améliora l'alimentation des communautés. Les grains pouvaient être mis à tremper avant d'être cuisinés. Le passage du "cru" au "cuit" (C. Lévy Strauss) est un moment essentiel, culturel et nutritif. Les céréales ainsi traitées sont plus faciles à digérer car, gélifié par la température et moins dense, l'amidon des grains devient facilement attaquable par les enzymes salivaires (amylases) et intestinales ; ceci libère des sucres qui sont absorbables par le tube digestif. On constate que le ramollissement des grains a considérablement réduit l'usure des dents (en revanche, avec le développement de sucres favorisant les bactéries buccales, on voit apparaître et se multiplier les caries dentaires ...).
Il n'est pas encore question de pain, mais de bouillies et de galettes non levées. L'amélioration de la nutrition eut un résultat net sur l'accroissement des populations, source de besoins alimentaires accrus et de la nécessité de perfectionner les rendements agricoles.

Diffusion vers l'occident :

La première "conquête de l'Ouest" La céréaliculture se consolide dans le "Noyau Levantin". La poterie culinaire se généralise vers 7000 ans av. J.C. A partir de cette zone nucléaire va rayonner la civilisation sédentaire. Vers l'Est et la Mésopotamie, il est possible qu'une adaptation préagricole se soit produite sur place car des graminées sauvages indigènes existent dans les steppes semi-arides. Mais à l'ouest, vers l'Europe, il n'y a pas d'espèces de blé ou d'orge spontanées. Ces céréales ont nécessairement été importées toutes domestiquées. Elles ont été apportées par l'homme en même temps que les techniques agricoles, la céramique culinaire et tout un cortège idéologique.
Cette première "conquête de l'Ouest" de la civilisation, cette "migration de sédentaires", s'est faite progressivement, sans doute de proche en proche. Elle a été lente et on estime qu'elle a demandé environ trois mille ans pour atteindre l'Atlantique. Elle a emprunté deux trajets principaux : l'un côtier, la voie méditerranéenne, l'autre continental, dit voie danubienne. La France est le lieu de rencontre de ces deux circuits, le premier arrivant par le sud, le second par le nord. Des variations culturelles se sont différenciées et l'homme a réussi à obtenir des variétés plus rentables à grains plus nombreux et plus gros, aux épis mécaniquement résistants. Des espèces de blés nus apparaissent dans les paléo-semences. Ils sont plus faciles à décortiquer de leurs enveloppes.
Des outils agricoles élaborés se retrouvent de plus en plus nombreux, comme des couteaux à moissonner faits d'un silex taillé en lame, assemblé dans une poignée de bois dur et collé par des résines d'arbres. Les silex ont le poli caractéristique dit "lustrage spéculaire" produit par les parties dures des chaumes. Des bâtons à fouir ont également été utilisés pour préparer le sol.
Les premières araires, ancêtres des charrues, permettent de fendre la terre pour les semailles mais non de la retourner car elles n'ont pas de soc verseur comme les vraies charrues (qui n'apparaîtront qu'au Moyen-Age). Les sillons étaient peu profonds, multiples et croisés, et non parallèles comme ils furent ultérieurement. Des meules utilisées pour moudre le grain ont également été retrouvées, une était fixe et l'autre maniée à la main. Des déformations caractéristiques sont repérables sur les squelettes au niveau des genoux et des épaules indiquant que ce travail de mouture devait être une longue et harassante occupation journalière des ces pionniers.

L'EDITO DE GROPHYTO

-La texture du sol

La texture indique la proportion de particules de différentes tailles présentes dans le sol. On parle familièrement de sols grossiers, fins, très argileux, etc.

En tant qu’agriculteur, vous savez sûrement quel type de sol vous avez dans chaque parcelle de votre exploitation. Même si c’est le cas, une analyse de sol agricole peut vous donner des informations supplémentaires. Elle permettra ensuite aux techniciens de mieux vous conseiller sur les sujets comme la gestion du sol et la fertilisation.

D’un point de vue technique et scientifique, les textures sont réparties en quatre grands groupes selon les proportions d’argile, de limons et de sable présentes dans les sols. Les catégories sont les suivantes : sols argileux, sols sableux, sols limoneux et sols équilibrés (aucune prédominance). Certains sols peuvent également se situer entre deux catégories, par exemple des sols limon-argileux.

L’illustration montre le « triangle des textures » qui classe techniquement les sols.

 

     

    -Le potentiel Hydrogène (pH) du sol

    Le pH, notion importante, mesure l’acidité ou l’alcalinité du sol, une notion déterminante pour la fertilité des sols, et des capacités d'échanges de minéraux avec le végétal.

    Dans une échelle de 1 à 14, un milieu est neutre quand son pH est de 7. En dessous, il est acide, au-dessus, il est basique ou alcalin. Les sols calcaires sont en général basiques, alors que les sols sableux ou très riches en matière organique (voir humus) sont plutôt acides.

    La plupart des plantes s’accommodent d’un pH autour de la neutralité (de 6 à 7,5).

    Mais certaines exigent cependant une terre acide (plantes acidophiles) ou au contraire calcaire

    Amendements du sol :

    Le traitement de fond  sur le long terme qui se distingue des engrais à action rapide et n'agissant pas sur la structure du sol. Nous avons deux types d'amendements :

    -1 Amendements calcaires :

    Sur les sols acides, un amendement basique tel que la chaux rend les sols acides moins acides ou neutres (plusieurs produits de chaulage peuvent être employés avec une action à plus ou moins long terme). Des amendements naturels comme le maërl (ou le traez mot est breton signifiant sable coquillier), les cendres, ou les algues marines sont aussi utilisés.

    Sur les sols alcalins, les engrais acidifiants tels que le sulfate d'ammonium, le nitrate d'ammonium ou l'urée peuvent être employés.

    Sur les sols salins ou sodiques, le gypse est utile et peut également fournir du soufre.

    Lorsqu'on arrive par apport d'amendement à obtenir un pH propice aux cultures (autour de 6 en général), on améliore également la capacité d'échange cationique du sol et donc son pouvoir nutritif pour les plantes qu'on y cultive.

    -2 Amendements organiques :

    Compost, fumier, lisiers, tourbes, feuilles pour les principaux, sont essentiels pour nourrir la vie microbienne, augmentent le pouvoir de rétention d'eau, et ont également la capacité de libérer des sel minéraux pour le végétal. Il est important que ces sels minéraux puissent être fixés dans le complexe argilo-humique grâce à un pH correct.

     

    La France pourrait-elle totalement se passer des engrais chimiques ?

    https://www.lemonde.fr/videos/video/2022/01/09/la-france-pourrait-elle-totalement-se-passer-des-engrais-chimiques_6108743_1669088.html


    L'EDITO DE GROLO

     

    Le cycle de l'eau

    L’eau opère un circuit fermé qui est le même depuis des milliards d’années.
    L’eau des mers s’évapore dans l’atmosphère sous l’effet de la chaleur du soleil. Elle forme ensuite des nuages qui vont se déplacer sous l’impulsion des vents.

    Aidées par l’effet de gravité, les gouttelettes qui constituent les nuages s’alourdissent et retombent sur le sol sous forme de précipitations (pluie, grêle, neige).

    Ces eaux pluviales vont permettre d’alimenter les nappes phréatiques souterraines qui vont recharger les cours d’eau, lesquels se jetteront à leur tour dans la mer.

    Et ainsi, de la mer au ciel, du ciel à la terre et de la terre à la mer, le voyage de l’eau recommence à l’infini.

    L'empreinte "eau"

    un défi écologique 

    https://www.youtube.com/watch?v=IHXw-_OiIVY

    PARLONS PEU, PARLONS BIO

    RAOUL LEMAIRE... PIONNIER DU BIO

    Raoul Lemaire, biologiste-généticien, né en 1884 dans la Somme, homme de terrain au franc-parler, reste célèbre pour avoir fondé la culture biologique avec le lithothamne, une algue marine pêchée dans l’archipel de Glénan, connue aussi sous le nom de maërl. Engagé et visionnaire, il dénonce avant tout le monde la pire des pollutions, celle des sols, ravagés par une agriculture chimique.

    Réputé depuis longtemps pour ses obtentions de blés à haute valeur boulangère, fidèle à la devise « supériorité dans la qualité » qui a toujours été la sienne, il lance la culture biologique dès 1960 avec ses fils Jean-François et Pierre-Bernard, grâce à l’algue lithothamne dont il vient de découvrir les propriétés. Pour favoriser son développement, le Service des Ventes des Blés Lemaire, 3 rue du Parvis-Saint-Maurice à Angers, qui assurait la commercialisation des semences de ses obtentions, est transformé en société. Plusieurs filiales naissent pour offrir aux consommateurs une large gamme de produits garantis « biologiques » : farines, biscottes, pain, vins, légumes, chocolat…

    La méthode Lemaire-Boucher

    En 1963, sa rencontre avec le professeur Jean Boucher, spécialiste de l’humus et du compostage, lui permet d’affiner la première technique agrobiologique mise en oeuvre : la méthode Lemaire-Boucher, excluant engrais chimiques et produits de synthèse, est née. Elle repose sur quatre points essentiels : l’utilisation du lithothamne comme fertilisant régénérateur, l’utilisation des semences de blés Lemaire, le compostage de la fumure organique et les associations végétales. Dès lors, la société SVB Lemaire connaît une expansion si grande que le siège social de la société déménage en 1967 dans des bureaux plus vastes à Saint-Sylvain-d’Anjou.

    Pour promouvoir la méthode, une caravane Lemaire sillonne toute la France, de foires en marchés. Elle informe consommateurs et agriculteurs sur les dangers des engrais chimiques et les renseigne sur la gamme d’amendements au lithothamne commercialisée par la société. Dans le même esprit militant, les fils Lemaire, Jean Boucher et de nombreux autres collaborateurs animent des tournées nationales de conférences sur l’agriculture biologique, qui rencontrent de francs succès.

    Des services spécialisés sont développés pour répondre à toutes les demandes : experts agronomiques pour une assistance gratuite sur le terrain, service vétérinaire fondé sur l’aromathérapie, mensuel « Agriculture et Vie » à partir de mars 1964, cours d’agrobiologie par correspondance, visites de cultures organisées régulièrement dans les « fermes témoins » réparties sur tout le territoire.

    « Pour vivre en bonne santé, vivons bio »

     

    Après la disparition de Raoul Lemaire, le 19 novembre 1972, les services de la société Lemaire continuent à prendre de l’ampleur, pour devenir des sociétés commerciales à part entière, qui travaillent toutes en étroite collaboration. Phytovet se charge des produits biothérapiques à utiliser lors de la reconversion à la culture biologique. Actisol commercialise l’outillage agricole spécialement conçu pour le travail du sol. Compost et Humus Boucher fabrique et diffuse les composts de la méthode Lemaire-Boucher, tandis que Mon Jardin Sans Engrais Chimique s’occupe du secteur jardinage. Lemaire Agriculture organise la vente de tous les fertilisants biologiques et activateurs microbiens fabriqués par l’usine Algofertyl de Lorient.

    Mais ce succès inquiète les tenants de l’agriculture conventionnelle et tout particulièrement ses gros fournisseurs d’engrais et de pesticides chimiques. Les chambres d’agriculture engagées vers l’agriculture intensive fustigent les pratiques de l’agriculture biologique. Cette réussite provoque aussi des jalousies. Sans cesse, le groupe est contraint d’attaquer ou de se défendre en justice pour des affaires de concurrence déloyale, de plagiat et surtout de contrefaçon.

    Afin de se démarquer de ses concurrents, la société crée en 1973 son propre cahier des charges, détaillant les critères qualitatifs de production. Les agrobiologistes sous contrat qui choisissent de respecter le cahier des charges obtiennent le droit d’utiliser les marques « Production de la méthode Lemaire-Boucher » et « Production Terre-Océan ». Encore une fois, la réussite est au rendez-vous, permettant au groupe Lemaire de s’étendre au-delà des frontières, en Italie et au Bénélux, où la méthode fait de plus en plus d’adeptes.

    L’agriculture biologique est officiellement reconnue en 1981 et ses règles définies. Les associations étant seules habilitées à présenter un cahier des charges à l’homologation, celui de la méthode Lemaire-Boucher, emmené par la société SVB Lemaire, entreprise commerciale privée, ne peut être présenté. S’inspirant du travail et des investissements déployés pendant près de vingt ans par la société Lemaire, une dizaine d’associations présentent le leur avec succès. L’agriculture biologique voit sa crédibilité renforcée et prend peu à peu la place que lui demandent les consommateurs. Aujourd’hui quatre Français sur dix mangent bio au moins une fois par mois, sept sur cent tous les jours...

    Article rédigé par Agnès Janssens, stagiaire de l’université en master 2 Archives et Sylvain Bertoldi, avec la collaboration de Jean-François Lemaire, qui vient de donner l’ensemble des archives du groupe Lemaire aux Archives municipales d’Angers.